Rapport du concours d'Alger 2/2

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Nous y sommes... Les pigeons ont débarqué, sont dans les volières pour être lâchés d'Alger ce 14 juillet 1930. Au petit matin, quelque 5.000 pigeons français et belges sont lâchés. Pour un retour des plus laborieux...
                                                                                                  "Embarquement des pigeons à Marseille "


On procède des pigeons sur « Le Martinique » dans la matinée du 9 juillet. Pendant ce temps, le chef de convoi, M. Lebleu, se met en règle avec la compagnie transatlantique pour le passage du personnel et des pigeons.
Le signal du départ est donné le 9 juillet à 1 7h50, et à 18h, « Le Martinique » lève l'ancre sous les ordres du capitaine Giuli.
Les paniers sont placés par piles de trois dans le vaste entrepont avec de bons intervalles. La mer est calme et permet de laisser ouverts les hublots et les portes de déchargement, la ventilation est excellente et nos pigeons ne souffrent nullement de la chaleur qui est modérée.
Un tour de garde est organisé à partir de 20h. Convoyeurs belges et français rivalisent de zèle et de vigilance.
La journée du 10 juillet s'annonce très belle, avec vents légers d'Ouest, Sud-Ouest et Sud-Est.
Les oiseaux reçoivent deux repas : à 8h30 et à 16h30 avec une abondante boisson et déplacement consciencieux des paniers. C'est un travail qui dure une heure et demie à chaque repas, et nos convoyeurs volontaires y gagnent leurs galons.
A midi, le convoi passe à proximité de l'île Minorque, c'est la 18e heure de mer : « le Martinique » file à 12 noeuds, il est à moitié route.
Le lendemain 11 juillet, à 6h du matin, « le Martinique » fait son entrée dans le port d'Almger, salué par les acclamations de nos amis colombophiles de la 19e région.
Là se trouvent réunis : MM le docteur Bourlier, président de la 19e région, Jean Gelebert, secrétaire général, le capitaine Colombi, officier colombophile du 19e CA, Astolfi, et auprès d'eux, le sergent Giry, du colombier militaire de Saint-Eugène, entouré de sapeurs colombophiles et d'une corvée de soldats du 45e, commandés de service pour aider au déchargement des paniers.
Les bureaux de la douane ne sont pas ouverts, mais préposés sont conciliants, le déchargement est autorisé sous réserve et commence aussitôt.
Les paniers rangés à l'ombre sous les hangars de la compagnie transatlantique sont chargés sur des camions et camionnettes obligeamment mises à notre disposition pour assurer le transport des hommes et des oiseaux au camp de Baraki.
                                                                                    Contremarquage et soins donnés aux pigeons à Baraki

Le 11 juillet à 16h, le convoi est réuni au complet devant les hangars du champ d'aviation de Baraki.
Dans ces hangars qui protégeront nos oiseaux du soleil, quarante volières ont été aménagées, closes par des lattes afin d'éviter tout accrochage et tout bris de plumes, recouvertes de fin grillage et garnies de nombreux perchoirs avec plan incliné, de manière à éviter les souillures.
Chaque volière a été prévue pour 200 pigeons. Comme l'effectif total n'est que de 5.067 pigeons, nos amis décident fort sagement d'en profiter pour donner plus d'aise à nos oiseaux en ne plaçant que 150 pigeons par volière.
Avant la mise en volière, chaque pigeon reçoit une contremarque supplémentaire, apposée sur la queue. Le numérod'ordre est inscrit sur un registre, ainsi que le numéro de la bague en caoutchouc du pigeon contre-marqué, de manière que les contrôleurs de la métropole puissent s'assurer que les lauréats présentés ont bien été pointés à Alger.
Cette opération du contremarquage est une grosse besogne. Commencée le 11 juillet à 8h dès l'arrivée du premier camion à Baraki, elle se poursuit jusqu'au lendemain à 18h.
La prise en main pour le contremarquage permet d'apprécier la forme et l'état de santé des pigeons engagés. Sur les 6.000, les préposés trouvent un pigeon mort et un pigeon malade.
Par contre, nos amis amis constatent avec étonnement et quelque regret que de nombreux pigeons ne paraissent pas doués d'une constitution suffisante pour affronter un voyage aussi long et aussi pénible que celui qui les attend. Ils relèvent même deux jeunes oiseaux de 1930.
Quoiqu'il en soit, tous ces pigeons, mis tour à tour en liberté dans les volières, en profitent largement. Ils battent des ailes pour les détendre, se baignent, s'ébrouent et se nettoient avec ardeur, et nos amis ont l'impression que cette détente constitue un grand élément de succès pour l'épreuve.
Le 13 juillet après-midi, les baignoires sont enlevées. Le temps est beau, les pigeons roucoulent gaiement et nos amis, pleins d'espoir, prennent leurs dispositions pour opérer le lâcher à la date prévue du 14 juillet..
                                                                                                                                    Préparatifs du lâcher
A minuit, la mise en paniers commence pour les soins des convoyeurs. Les paniers sont disposés à la porte d'entrée de chaque volière qui se trouve ainsi obstruée. Tout éclairage étant supprimé, la prise en main se fait avec une extrême facilité. A 2h30, tous nos oiseaux sont dans les paniers et nos amis ont constaté avec plaisir que les bains et le repos ont raffermi les oiseaux qui — exception faite d'un lot assez important de médiocrités — sont tout à fait dispos.
L'éclairage est rétabli pendant que nos amis font honneur au casse-croûte offert par le capitaine Colombi. Des bacs à boire sont accrochés aux paniers et remplis d'eau fraîche.
Le capitaine Colombi qui dispose d'un petit matériel de transport a installé un petit Decauville depuis le hangar aux volières jusqu'au point de lâcher.
A 3h30 du matin, le chargement des paniers commence. A 4h30, tous les paniers disposés en piles de quatre avec intervalles forment un grand arc de cerce. Les ficelles sont coupées, les convoyeurs et les sapeurs colombophiles placés entre deux piles, chaque convoyeur ayant deux sapeurs à contrôler. Tout est prêt.
La commission du lâcher dont tous les membres sont présents se réunit. Le soleil se lève, le vent est nul, la commission estime que les prévisions météorologiques sont bonnes. Elle décide de donner l'envolée. Il est 5h55 heure légale.
                                                                                                                                 

                                                                                                                                                Le lâcher
L'opérateur de cinéma est à son poste : nos amis Lebleu et Cannesson repassent devant les paniers et font les dernières recommandations. Le docteur Bourlier monte à son observatoire (la plate-forme du hanger), le capitaine Colombi, starter de l'épreuve, rejoint son poste. M. Lebleu, montre en main, attend la minute solennelle, et, sur un signe de lui, le capitaine Colombi tire le coup de pistolet du départ. Il est exactement 5h à Alger, 6h en France, heure légale.
Nos braves oiseaux s'élancent des paniers, élargissent l'arc de cercle, et pointent directement sans faire un tour vers Alger, sur la Méditerranée et vers la France.
Minute inoubliable pour nos amis dont les yeux se mouillent, minute d'émotion intense durant laquelle par delà les mers, leur pensée se reporte vers nous et nos espérances.
L'opérateur de cinéma pareillement ému reste inerte pendant quelques secondes. Lorsqu'il se ressaisit, il est un peu tard, le gros peloton vole déjà là-bas, en rangs serrés, vers la grande bleue.
Le docteur Bourlier, de son observatoire, voit le groupe se diviser en deux pelotons volant côte à côte, et atteindre la mer au-dessus ils s'engagent sans hésitation.
Bonne chance, braves petits pigeons ! Tel est le souhait que forment tous nos amis dont les coeurs battent d'une émotion intense, alors que chez nous, le canon tonne célébrer la fête nationale et que nous nous demandons encore si les pigeons sont lâchés en ce beau jour ⇒

 


                                                                                                           Après le lâcher, réflexions générales 
Nous arrivons ici au point délicat de notre compte-rendu. La relation des dispositions prises par nous, et des faits par nos délégués en Algérie est facile, et son exactitude est indiscutable.
A partir du moment où nos pigeons ont été mis en liberté, toute certitude disparaît, car si nous avons pu grouper un certain nombre de faits indiscutables, l'interprétation de ces faits peut elle-même prêter à discussion. Cependant, comme tout l'intérêt de l'expérience d'Alger réside précisément dans la connaissance des incidents de toute, nous devons nous efforcer de les déterminer aussi exactement que possible, en mettant dans leur interprétation un esprit critique objectif qui n'a nullement pour but de louer ni de blâmer mais tout simplement de faire la discrimination entre les faits et les éléments favorables ou défavorables, afin de tirer tout le profit possible de cette mémorable expérience.
Avant de formuler une appréciation quelconque sur l'épreuve, il convient d'examiner dans quelques conditions cette épreuve s'est déroulée.
Nous nous sommes longuement étendus sur les dispositions prises pour en assurer le succès. Pouvions-nous faire plus et mieux ; c'est probable, mais nous avons fait tout à fait notre possible, et nous ne craignions pas de dire que grâce aux dévouements et aux bonnes volontés que nous avons rencontrés partout, l'organisation a été convenable.
Tous ceux qui se sont occupés de cette épreuve, à un titre quelconque, ont droit à nos remerciements.
Examinons à présent la qualité des sujets appelés à réaliser l'épreuve du voyage d'Alger.
Si nous retenons l'appréciation de nos délégués pour fixer la qualité des pigeons engagés, nous devons admettre que les deux tiers seulement des pigeons, soit environ 3.300, pouvaient courir sérieusement la chance de franchir la Méditerranée. Nos contremarqueurs nous certifient que les autres laissaient grandement à désirer sous le rapport de la conformation et de la vitalité.
Nous estimons qu'une proportion de 30 à 35% de médiocrités constitue un gros handicap pour le lâcher de pigeons qui les comprend, surtout lorsqu'il s'agit d'une épreuve exceptionnellement dure, subie dans des conditions complètement nouvelles pour les oiseaux.
Si l'appréciation de nos délégués est exacte, et leur avis paraît d'ayant plus fondée qu'ils ont pris tous les pigeons en mains pour le contremarquage et la mise en paniers, nous ne pouvions espérer, même dans les conditions les plus favorables, obtenir un très beau résultat.
Les colombophiles qui, pour quelque raison que ce soit, ont engagé des rossards dans l'épreuve, ont considérablement nui au succès de cette expérience, en faussant les résultats normaux.
                                                                                                             Nos pigeons au-dessus de la mer
Nous avons signalé plus haut que l'observateur au départ a vu toute la bande s'élancer franchement vers le nord et se diviser en deux pelotons.
L'observateur placé au front de mer, le capitaine Garrigou, installé sur la terrasse de sa propriété à Husseaux-Dey, au fond de la baie d'Alger, a vu arriver les deux pelotonsà la côte : le premier, celui de la gauche, a survolé Alger et a pris franchement la direction du Nord. A son avis, il comprenait environ les 2/5e du lâcher, soit environ 2.000 pigeons.
Nombre de pigeonsengagés et  constatés 
 
Région de mise en loges                    

 

                                                                   Engagés    Constatés
Arrondissement de Lille .......................... 657                     12
Arrondissement de Douai .........................266                     5
Arrondissement de Valenciennes ............ 304                     4
Arrondissement d'Avesnes .......................243                     8
Arrondissement de Cambrai .....................281                     4
Arrondissement de Béthune .................... 560                     2
Arrondissement d'Arras ...........................127                       1
Arrondissement d'Hazebrouck ................  173                     3
Arrondissement de Dunkerque .................. 92                     1
Arrondissement de Boulogne  ....................42                     0
Arrondissement de Montreuil ................... 17                      0
2e région ..................................................122                       0
3e région    ................................................105                      2
4e région  ..................................................  44                     4
5e région   .................................................. 16                      0
6e région    ..................................................53                      1
8e région    ..................................................16                      1
9e région  ..................................................  69                     0
l0e région  ................................................  18                      0
11 e région    ...............................................43                      0
12e région    ................................................92                     1
13e région  ................................................  54                      1
14e région  ................................................  36                     2
15e région ..............................................   157                      6
16e région  ................................................  20                     0
171 région    ................................................75                      2
18e région    ...............................................144                    0
20e région    ..................................................9                    0
GMP    .......................................................160                     0
Total France   .....................................3.995       62
Pigeons belges  .................................. 1.067        32
Totaux généraux  .............................5.067           94
Le deuxième peloton, celui de droite et le plus important, 3.000 pigeons environ, au lieu de voler parallèlement au groupe de gauche, a traversé la baie d'Alger en direction du Cap Matifou, c'est-à-dire qu'il a pris la direction Nord-Est, comme s'il voulait tout à la fois fois voler vers le Nord mais ne pas perdre de vue la côte qui se trouvait à droite.
Quel temps faisait-il en mer à ce moment ?
Le bulletin météorologique a donné dans l'après-midi du 14 juillet les renseignements ci-dessous :
14 juillet, 7 heures : sud du bassin méditerranéen, vent faible, visibilité 50 kilomètres, ciel pur. Nord du bassin méditerranéen, vent nord-ouest au sud-ouest.faible, vitesse maxima 3,5m, visibilité 50 kilomètres, ciel beau.
14 juillet, 10 heures : sud du bassin méditerranéen, vent variable faible, visibilité 50 kilomètres, ciel pur. Nord du bassin méditerranéen, côte espagnole, vent sud-ouest 2 m, visibilité au-delà de 50 kilomètres, ciel clair.
Nos amis, le lâcher une fois terminé, sont allés à Alger d'où ils ont expédié le télégramme suivant au secrétariat national :
« Lâcher 6 heures, vent nul, excellent départ, orientation merveilleuse, conditions atmosphériques favorables. Prévisions météorologiques: vent très faible, Nord-ouest, avec tendance à passer au Sud-ouest en s'affaiblissant, vitesse 5 à 6 mètres seconde, visibilité environ 20 kilomètres. Quelques nuages très élevés. Signé : Lebleu. »
                                                                                        Que sont devenus les pigeons du peloton de droite ?
Le capitaine Garrigou n'a pu nous en dire davantage. C'est le dévoué secrétaire général de la 19e région, M. Gelebert, qui a pu nous renseigner le plus exactement, nous semble-t-il.
Le peloton a accentué sa courbe vers l'Est craignant d'aborder le voyage par dessus la mer et volant à proximité de la côte, les plus médiocres lâchant le peloton les uns après les autres afin de regagner la terre algérienne.
Le vol de ce peloton est repéré par les pigeons qui ont été recueillis ou vus dans la région.
Un grand nombre d'entre eux ont accentué l'arc de cercle qu'ils avaient amorcé en abordant la mer et son revenus atterrir dans la région de Kabylie, à l'Est d'Alger et de Baraki.
M. Gelebert ajoute que, les indigènes ne sachant pas tous lire et ne comprenant pas l'utilité de ces oiseaux, nous ne pouvons pas espérer qu'il nous en soit signalé un grand nombre, d'autant moins d'ailleurs que nos pigeons devenus méfiants sur cette terre inconnue d'eux, se laissent difficilement approcher.
Mais, si la plupart des paresseux et des incapables se sont arrêtés en Kabylie, un certain nombre d'autres, beaucoup plus hardis, et qui semblent avoir eu le malheur de se trouver enfermés dans la masse du peloton de droite plutôt que d'avoir manqué de qualité, ont continué à voler à l'Est, poussés par le vent qui soufflait du Nord-ouest et de l'Ouest. On nous en a signalé sur toute la côte à l'Est d'Alger : à Philippeviile, 350 kilomètres d'Alger, à Bîne, 425 kilomètres d'Alger, à la Calle, 500 kilomètres d'Alger, tout contre la frontière tunisienne.
Un certain nombre d'entre eux ont même continué leur route vers l'Est jusqu'en Italie méridionale après avoir atterri en Algérie et en Tunisie. On nous a en effet signalé trois pigeons vus le 17 juillet à 50 milles à l'Ouest de la Sicile, à 780 kilomètres d'Alger. On nous en a même signalé un recueilli en Grèce.
D'autres enfin, après avoir atterri en Tunisie, ont repris franchement la direction du Nord, puisque nous savons que trois ou quatre pigeons se sont posés sur la mâture du Mustapha II le 29 juillet entre la Tunisie et la Sardaigne, à 600 kilomètres à l'Est d'Alger.
En résumé, les quelque 3.000 pigeons du peloton de droite se sont égarés. Les plus médiocres, semble-t-il,ceux qui ont entrainé un certain nombre de bons pigeons dans leur masse sont réfugiés sans tenter l'effort dans la région kabyle les autres ont poursuivi leur route à l'Est,
poussés par un vent Ouest qui soufflait très fortement sur la côte algérienne le 15 au matin, et son allés, les uns dans
d Est algérien et la Tunisie, d'autres en Sardaigne, d'autres encore en Sicile et dans l'Italie méridionale et jusqu'en Grèce.
                                    Renseignements obtenus sur le peloton qui prit la bonne direction, le peloton de gauche.
Nous axons vu que ce peloton comprenait environ 2.000 pigeons. Nous en axons constaté régulièrement 100, soit seulement 5% de I effectif  lancé sur la bonne route. Comment expliquer ce fait
Nous savons que quelques isolés qui s'étaient laissés légèrement déporter à l Est par le vent d'Ouest ont volé dans la direction de l'île Minorque, et que renonçant à la tâche qui leur était imposée, ils se sont posés sur le Timgad qui faisait route sur Alger.
Le commandant du Timgad, croyant bien faire, a relâché ces pigeons le lendemain matin 15 juillet sans en référer à qui que ce soit. Ce fait ne fut connu de nos amis qu'après coup. Or, le 15 au matin, le vent d'Ouest soufflait à Alger avec une force telle qu'aucun pigeon n'aurait été capable d'aborder la mer dans direction Sud-Nord.
Nous savons d'autre part, que le gros du peloton a continué sa route franchement vers le Nord, dans la bonne direction, vers Palma (IIe Majorque), et Barcelone, San-Feliu.
A Cabrera, petit îlot au sud de l'île Majorque, et première terre survolée depuis Alger, quelques pigeons ont lâché le peloton et ont été recueillis par le gardien du phare.
Des environs de Palma, nous sont parvenus les signalements d'une vingtaine de pigeons recueillis sur la côte. Ils attestent le passage d'un grand nombre de nos oiseaux suivant la ligne directe.
Tout semble indiquer que le groupe des pigeons qui devaient triompher de l'épreuve s'est heurté entre l'île Majorque et Barcelone à une perturbation orageuse qui lui a barré la route, qu'il s'est trouvé déporté vers l'Est ou le Nord-Est par les vents d'Ouest soufflant fortement sur la périphérie de la masse orageuse.
Les faits connus confirment-ils ou infirment-ils cette opinion ?
Nous savons qu'un de nos pigeons a été recueilli au colombier de Corté, au centre de la Corse. Le pigeon réconforté a été relâché muni d'un message explicatif.
Nos amis de la 15e région ne constatent aucun pigeon le 15 juillet, mais ils en constatent deux le 16 juillet, l'un à Nice à 8 heures, l'autre à Marseille également à 8 heures.
Nous savons aussi qu'un des bons pigeons de M. Weil-Suchet de Roubaix a été recueilli le 16 juillet, mourant, aux environs de Nice.
Ces faits confirment donc l'hypothèse d'un atterrissage en Corse, d'où certains pigeons sont repartis le lendemain ou le surlendemain pour regagner leur colombier.
Nous croyons pourvoir conclure en disant que :
1 .Le peloton des bons pigeons a suivi la bonne direction malgré le vent d'Ouest. Ces pigeons ont survolé l'île de Cabrera et l'île Majorque où quelques-uns d'entre eux atterri, et ils ont poursuivi leur route vers le Nord.
2.Une masse orageuse s'est formée dans la zone de friction des vents NO du golfe du Lion avec les vents d'Ouest de la Méditerranée occidentale.
3.Nos pigeons ont rencontré cet obstacle entre l'île Minorque et Barcelone. Certains ont eu l'audace et l'énergie de poursuivre leur route, mais un grand nombre d'eux ont voulu tourner l'obstacle en mettant le vente à profit, c'est-à-dire en volant vers l'Est. La plupart sont allés atterrir en Corse le premier jour, d'autres ont peut-être touché la côte provençale entre Marseille et Nice.
Il est certain, en tout cas, que les uns et les autres ont été épuisés par l'effort qu'ils avaient dû soutenir le premier jour, et il semble qu'ils aient pu difficilement échapper aux
Le classement français

1. M. Roussel-Bertin deVieux-Berquin (1.559 km) avec une femelle de trois ans constatée le 19 juillet à 7h30 du matin.
2. M. le docteur Eloy de Trélon avec un mâle de six ans constaté le 19 juillet à 14h10.
3. M. Fatrez Lulia de La Longueville avec un mâle de cinq ans constaté le 20 juillet à 18h05.
4. M. Yannart Emerant de Pelves, avec un mâle de cinq ans constaté le 20 juillet à 20h29.
5. M. Emile Cauchefer de Raismes, avec un mâle de deux ans constaté le 22 juillet à 15h.
6. M. Raoul Courtin de Pont-sur-Sambre avec un mâle de trois ans constaté le 22 juillet à 7h05.
7. M. Léon Faucompré de La Madeleine-lez-Lille avec une femelle de quatre ans constatée le 22 juillet à 12h30.
8. M. Charles Revaux de Louvignies-Quesnoy, avec une femelle de quatre ans constatée le 22 juillet à 14h.
9. M. Léon Ghestem de Wambrechies, avec un mâle de cinq ans constaté le 22 juillet à 20h.
10. M. Gaston Delvoye de Roeulx avec une femelle de trois ans constatée le 25 juillet à 15h20.
11. M. Hescotte Alexandre de Neufmesnif avec un mâle roux de quatre ans constaté le 23 juillet à 16h40.
12. M. Alfred Bauduin de Roubaix, avec un pigeon constaté le 23 juillet à 14h20.
13. M. Jules Huyghe de La Madeleine-lez-Lille avec un mâle de quatre ans constaté le 25 juillet à 21 h.
14. M. Bourgeois Arthur fils de Don-Annoeullin avec un mâle de cinq ans constaté le 25 juillet à 21 h30.
15. M. Louis Brenne de Lomme, avec un mâle de sept ans constaté le 28 juillet à 16h.
En Belgique, le premier pigeon a été constaté le 16 juillet à 20h30 chez Wilputte de Forest. Il s'agit d'une femelle de sept ans déjà primée sur Dax, Pau, Bordeaux, Angoulême. Elle remporte le concours général après avoir volé la distance de 1.600 kilomètres en 62 heures et 30 minutes, avec une avance de 62 heures sur le second pigeon belge, constaté le 19 juillet à 10h42 et propriété de René Charlier de Hoeylaert !
très nombreux rapaces qui séjournent sur ces côtes inhospitalières.
Cette version trouve une force nouvelle dans le fait que le comité de ravitaillement et de rapatriement d'Espagne n'a recueilli que deux pigeons, en plus de ceux qui lui ont été signalés par la société de Palma (Ile Majorque).
Il ne nous paraît pas douteux qu'un certain nombre de pigeons aient foncé hardiment dans l'orage et qu'ils aient pu atterrir dans la région pyrénéenne le 14 juillet après-midi. Et l'on peut se demander pourquoi nous n'avons pas enregistré un plus grand nombre de rentrées. Nous croyons pouvoir en donner l'explication.
Le contact que M. Decoudras, président de la 1 8e région, a eu l'obligeance de prendre journellement avec notre secrétariat national durant la période du 15 au 20 juillet nous a permis d'avoir la confirmation de ce que les journaux annonçaient dans les faits divers : de multiples orages ont éclaté à cette époque dans le Midi, et les journées de pluie se sont succédé.
Aux braves oiseaux qui avaient vaincu la mer dans les conditions difficiles que nous avons exposées plus haut, un temps favorable et les chauds rayons du soleil étaient nécessaires, l'un et l'autre ont manqué. Les orages et la pluie persistante semblent avoir eu raison, hélas, de la résistance de la plupart de ces valeureux oiseaux.
Le mérite est d'autant plus grand pour ceux qui triomphèrent d'une expérience à nulle autre pareille.
FIN ..
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