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Rapport du concours d'Alger 1/2

                                                                          

Il y a 90 ans, le rapport du concours d'Alger 

Un concours légendaire

                                                                  par-delà la Méditerranée                                                                  

 
Le 14 juillet 1930, quelque 5.000 pigeons français et belges participaient au concours sur Alger. Retour,  sur cette fabuleuse aventure colombophile jamais retentée depuis avec le compte-rendu officiel présenté au congrès national de Paris, les 17 et 18 janvier 1931.


Précisons d'abord que l'idée de ce raid audacieux a pris naissance à Alger même. Quelques colombophiles, voulant commémorer le Centenaire de la Conquête de l'Algérie par une manifestation grandiose et patriotique, osèrent imaginer l'organisation d'un concours sur Alger, auquel participeraient toutes les Fédérations françaises.
Ces audacieux novateurs s'appellent : -MM. le Docteur Bourlier, président de la Fédération colombophile de la 19e région, Jean Gelebert, Secrétaire générale de la dite Fédération, et le capitaine Colombi, chargé du service colombophile à l'Etat-Major du 19, Corps d'armée.
Ils trouvèrent en Jean Kaiser de Marseille, président, de 1 fe Fédération Colombophile de la 15e région, un partisan convaincu de l'épreuve ; et ce dernier reportant sa pensée sur nos amis les Belges, qui avaient précédemment organisé un concours sur Rome, voulut savoir ce que pensait M. Herrygers, le grand animateur du Concours de Rome, en 1928, de l'idée d'un concours sur Alger. Il entra donc en rapport avec lui dès le 30 août 1928.
Or, en même temps que l'année 1930 nous apportait à nous, Français, les fêtes du Centenaire de l'Algérie, elle s'accompagnait, chez nos voisins les Belges, de fêtes plus mémorables encore, celles du Centenaire de l'Indépendance de leur pays. L'union des sentiments patriotiques et sportifs ne pouvait manquer de faire son oeuvre chez nos amis et, dès le 4 septembre 1928, M. Herrygers promettait son appui personnel à M. Kaiser, si son idée prenait corps.
Cette adhésion spontanée décidait M. Kaiser à soumettre l'idée à notre Président National qui fut alors prié d'étudier l'opportunité d'une telle expérience.
Les résultats de cette étude furent communiqués au congrès national du 20 janvier 1929 où notre président national exprima sa pensée comme suit:


«J'ai considéré et le bureau directeur avec moi que les colombophiles français devaient profiter de l'occasion des centenaires patriotiques commémorés en 1930 pour montrer au gouvernement et au peuple français que, même au prix des plus lourds sacrifices, ils entendaient maintenir la renommée universelle qu'ils ont acquise depuis 15 ans, aussi bien par les services qu'ils ont rendus au cours de la Grande Guerre et des expéditions coloniales, que par les initiatives qu'ils ont prises depuis lors pour assurer la protection du pigeon voyageur et le développement du sport colombophile.»


Au point de vue scientifique, un lâcher de pigeons voyageurs fait à Alger, sur un autre continent, au-delà d'une grande mer, dans un milieu totalement inconnu de nos oiseaux, et en face de difficultés considérables, nous a paru devoir donner une réponse irréfutable aux déclarations erronées de certains professeurs qui s'obstinent à enseigner que le pigeon voyageur s'oriente par la vue.
Au point du vue sportif, nous n'avons point caché qu'il s'agissait d'une épreuve exceptionnellement difficile, qui ne pouvait être envisagée qu'à titre exceptionnel, pour le moment tout au moins.
Mais nous avons cru pouvoir affirmer notre conviction qu'un certain nombre de pigeons voyageurs, parmi les meilleurs, triompheraient de cette épreuve.
Le bel élan enregistré au cours du congrès national du 20 janvier 1929 par l'assurance donnée que toutes les fédérations régionales participeraient à cette manifestation colombophile, a montré que les sentiments patriotiques et les aspirations colombophiles de tous les amateurs étaient en parfait accord avec les nôtres.
Cette remarquable unanimité nous a valu l'appui officiel du gouvernement, et a suscité les nombreux dévouements dont nous avionsbesoin pour mener à bien cette difficile entreprise. Elle a de même stimulé nos amis belges et M. Henry Martens, président de la société royale «La colombe joyeuse» de Bruxelles, entreprit d'organiser la même épreuve en Belgique.
Lors du congrès national du 19 janvier 1930, M. Jean Gelebert, délégué à cet effet par la Fédération colombophile du 19e CA, est venu nous faire connaître l'appui officiel du gouvernement de l'Algérie.
Les ministères de la Guerre, de la Marine et l'Aéronautique nous ont immédiatement donné leur appui moral, et nous ont promis le soutien financier que le budget mis à leur disposition leur permettrait de nous donner. Le chef du gouvernement de cette époque, M. Tardieu, nous a autorisés à placer le concours d'Alger sous son haut patronage et le président de la République, M. Doumergue, a bien voulu doter notre concours d'un prix spécial.
La grande presse parisienne, représentée par Le Matin, a mis un magnifique objet d'art à notre disposition.
La compagnie des chemins de fer du réseau du Nord a bien voulu nous promettre un train spécial pour l'acheminement de nos oiseaux dans les meilleurs conditions jusque Marseille, accordant même aux colombophiles belges, sous notre garantie, le régime de faveur qu'elle consentait aux colombophiles français. La Compagnie Générale Transatlantique a suivi cet exemple.
Le général commandant le 19e CA a bien voulu autoriser l'officier colombophile de son état-major, M. le capitaine Colombi, à nous assurer l'aide efficace de ses sapeurs colombophiles.
Le service aéronautique de l'Algérie a grandement facilité notre tâche en mettant à notre disposition les hangars d'aviation de Baraki, qui devaient assurer à nos oiseaux le repos et le rafraîchissement dont ils auraient besoin avant le lâcher.
Le directeur de l'institut météorologique d'Alger a bien voulu nous assurer le bénéfice des travaux de ses services sur la prévision du temps, de la direction des vents et de leur intensité.
Enfin, le sous-secrétariat des Postes et Télégraphes a invité les directeurs des Postes d'émission placés sous ses ordres à diffuser par TSF les informations qui lui seraient transmises au nom du comité organisateur.
Nous nous trouvions ainsi dans des conditions morales et matérielles exceptionnellement favorables pour assurer le succès de notre grande manifestation sportive.        

                                                                                                         Le choix des délégués et des convoyeurs

Ce choix est délicat. De nombreux colombophiles mettent leur temps et leur compétence à notre disposition. Nous ne pouvons malheureusement pas utiliser tous ces dévouements.
La Belgique sera officiellement représentée par M. Martens, président de la société royale «la Colombe Joyeuse» et M. Herryghers, rédacteur au Messager colombophile et au Soir de Bruxelles. Ils se feront accompagner par quelques-uns des meilleurs convoyeurs belges.
Pour la France, sont désignés, au titre des délégués : M. Victor Le-leu de Lille, président du groupement central de la 1 re région, chef du convoi ; M. Maurice Cannesson de Lille, président de la section nationale de protection ; M. Jean Kaiser de Marseille, président de la fédération de la 15e région. Au titre des convoyeurs volontaires : M. Deboucq-Druon de Denain, désigné par la 1er région ; Henri Choeur de Douai, désigné par la 1 fe région ; M. Léon Catteau de Roubaix, désigné par la 1er région ; M. Dubur de Paris, désigné par le GMP, M. Bezecourt de Bordeaux, désigné par la 18e région.
C'est à ces amis dévoués que nous décidons de confier le convoi. A eux se joindront, dès leur arrivée à Alger, nos amis de la 19e région.
Nous savons, d'autre part, que les sapeurs colombophiles du Fort Saint-Eugène seront mis à leur disposition, et qu'un détachement de la troupe aidera au déchargement du bateau.
Nous avons donc tout apaisement sur ce point.
                                                                                             Mesures prises pour assurer le succès de l'épreuve
De longues méditations sur les difficultés qui peuvent surgir dans la concentration des pigeons, en cours de route, pendant le séjour à Alger et au moment du lâcher, nous ont convaincus de la nécessité de répartir les fonctions. M. Victor Leleu, chef du convoi, sera en même temps le trésorier payeur de la délégation, M. Cannesson s'occupera plus particulièrement de la concentration des pigeons belges et français. M. Kaiser réglera l'embarquement à Marseille.
Messieurs Deboucq, Dubur, Choeur, Catteau et Bezecourt, convoyeurs volontaires, sont prévenus que la tâche sera rude.
Les conditions du lâcher et l'influence des vents prennent à nos yeux une importance exceptionnelle. Nous avons foi dans le succès si les conditions atmosphériques sont favorables, et nous craignons un échec s'il en est autrement.
Nous nous efforcerons donc de déterminer quelles sont les conditions favorables ou défavorables, et nous donnerons des instructions écrites à nos délégués pour avoir tout apaisement à ce sujet.
Nous utiliserons aussi les services de renseignements du poste météorologique d'Alger, et nous constituerons une commission dans laquelle la décision du lâcher sera prise en commun.
Mais l'étude des conditions atmosphériques est chose fort délicate, et nécessite un examen approfondi de la question pour le cas concret qui nous occupe.
Il faut pour cela se placer face à la carte du bassin méditerranéen, muni d'une règle et d'un compas, et apprécier justement les distances.
Il faut aussi tabler sur le coefficient probable de qualité des pigeons engagés, et sur l'inexpérience de la plupart d'entr'eux qui n'ont jamais survolé la mer.
Quelle sera la qualité des pigeons qu'engageront les amateurs ?
Nous tablons sur 5% de pigeons supérieurs, 20% de pigeons de grande valeur, 25% de moyens, 25% de pigeons sans grande valeur, et 25% de pigeons médiocres, ces derniers représentant la quote-part des amateurs qui voudront faire un geste favorable à l'idée. Il y a tant de risques à courir, et chaque amateur possède si peu de bons pigeons qu'il nous paraît presque normal qu'il en soit ainsi.
Nous tablerons donc sur une qualité moyenne, et nous efforcerons de déterminer quelles sont les conditions atmosphériques nécessaires pour obtenir un succès dans ces conditions.
Nos pigeons feront-ils un bon départ ou resteront-ils en Algérie comme l'affirment un grand nombre de colombophiles ?
Nous n'avons aucun confiance dans la dernière catégorie de pigeons, et nous craignons que plus de la moitié de la catégorie précédente ne se joignent à eux. Nous estimons à 40% le nombre de pigeons qui contrarieront le départ, et escomptons que l'envolée pour la France pourra comprendre 60% de l'effectif.
Le choix de Bakari, à 8 kilomètres au sud de la Baie d'Alger, nous paraît tout à fait favorable à un bon départ en masses, nos oiseaux devant être en plein vol lancé lorsqu'ils atteindront la mer.
Pour que nos pigeons partent franchement et délibérément, il faut qu'ils soient bien frais et bien dispos, et qu'ils aient pu se dérouiller les ailes avant le lâcher. Nos volières et nos baignoires de Baraki doivent leur assurer ces conditions.
Qu'adviendra-t-il de ceux qui pointeront franchement vers la France, au-dessus des flots ?
Nous ne croyons pas que nos pigeons puissent prendre conscience de la distance considérable qu'ils auront à franchir. Nous escomptons cependant de leur part un suprême effort si la fatigue les saisit en cours de route, car ils ne pourront se poser que sur quelques rares navires. Mais nous voulons éviter qu'ils n'aient à faire cet effort, parce que nous entrevoyons le succès dans la mesure où cette grande dépense d'énergie aura pu être évitée.
C'est qu'en effet, nos pigeons du Nord et de la Belgique qui constituent le gros contingent devront chercher leur subsistance dès le lendemain, et se remettre courageusement à l'oeuvre pour traverser toute la France en plusieurs étapes.
Il nous apparaît ainsi nécessaire que nos oiseaux atterrissent soit en France, soit en Espagne, dans de bonnes conditions physiques et de bonnes dispositions morales. Il convient donc d'éviter une fatigueexcessive dès le premier jour et la première résolution qui s'impose est d'interdire tout lâcher par temps douteux ou brumeux.
Une question plus délicate à trancher est celle des vents et de leur influence.
Remarquons tout d'abord que, à force égale, le vent sur mer est plus gênant pour nos pigeons que sur terre, car il glisse régulièrement sur les flots, et ne comporte pas ces courants ascendants que provoquent les collines boisées de France et qui sont si favorables à nos oiseaux.
Plaçons-nous vent de face à la carte et poursuivons notre raisonnement. Voici Bakari et le point de lâcher: neuf kilomètres à vol d'oiseau le séparent de la baie d'Alger. La masse des partants tracera la ligne de vol droit sur le Nord.
La ligne directe part de Bakari, passe sur l'lie Manoque et atteint le continent européen à San-Féliu (Espagne) à 85 kilomètres à l'Est de Barcelone.
De Bakari à San-Féliu, il y a 585 kilomètres à vol d'oiseau. Avec un vent favorable, nous croyons que nos bons pigeons peuvent y arriver en un seul vol.
A mi-chemin des Baléares, nos oiseaux seront à 150 kilomètres au Nord d'Alger et 150 kilomètres au sud de l'lie Majorque. A l'Ouest, la terre la plus proche est la côte espagnole à 300 kilomètres de là. A l'Est, c'est la mer, avec possibilité de s'accrocher à la pointe sud de la Sardaigne, à 480 kilomètres de là.
Dans la région des Baléares : de la côte nord de l'lle Majorque à San-Féliu il y a 210 kilomètres de mer ; Marseille est au Nord-Est à 420 kilomètres. A l'Ouest, c'est la côte d'Espagne à 250 kilomètres. A l'Est, la terre la plus proche est la Sardaigne à 450 kilomètres de là.
Il faut avoir ces chiffres devant les yeux pour bien comprendre l'importance de la direction et de la force des vents. C'est pourquoi nous aurons soin de reproduire la ligne de vol sur les affiches et sur La France colombophile.
Que nous dit la carte ainsi chiffrée ? Elle montre que les vents N.-0., N. et N.-E sont très défavorables parce qu'ils retarderont le vol de nos oiseaux et fatigueront le vol de nos oiseaux et fatigueront ces derniers. Elle montre aussi que le plus redoutable est le vent Nord-Ouest parce que non seulement il retarde le vol de nos oiseaux, mais il les pousse en pleine mer.
Les vents d'Ouest, si favorables dans nos plaines françaises, deviennent dangereux sur la Méditerranée, parce que si nos oiseaux cèdent à son souffle, ils glisseront en pleine mer et n'auront d'autre ressource que d'atterrir en Sardaigne ou en Corse, après une longue journée de vol.
Nous en tirerons la conclusion logique dans la note que nous rédigerons à l'intention du chef du convoi : « vents défavorables interdisant tout lâcher : Nord-Ouest, Nord, Nord-Est, Ouest. »
Par contre, les vents Sud, Sud-Est et Sud-Ouest doivent grandement aider nos oiseaux, augmenter leur élan par dessus la mer et accélérer la vitesse de leur vol.
De tels vents doivent permettre aux pigeons qui se lanceront hardiment sur la voie du retour de franchir en 4 heures 20 les 300 kilomètres qui séparent Alger de la côte Sud de l'lie Majorque. Les 75 kilomètres que mesure l'île du Sud au Nord pourront être franchis en 1 heure 10 et les 210 kilomètres qui séparent l'lle Majorque de la côte espagnole à San-Féliu peuvent être franchis en trois heures ou 3 heures 15,
Ainsi donc, dans l'hypothèse d'un beau temps clair, avec l'un des vents de Sud, Sud-Est ou Sud-Ouest, nos pigeons lâchés à 6 heures du matin pourront atteindre la côté espagnole vers 15 heures, et de là, en longeant les 90 kilomètres de côtes qui séparent San-Féliu de Port-Vendres, toucher le sol français vers 16h30 et 17 heures.
Tel est notre objectif, et nous en concluons qu'il conviendra d'attendre l'un de ces vents pour notre lâcher, s'il ne se fait pas attendre trop longtemps.
Mais il faut aussi compter avec le vent d'Est. Notre ami Kaiser qui a maintes fois traversé la Méditerranée nous a signalé que c'est le vent le plus fréquent dans la seconde quinzaine de juillet. Il faut donc le prévoir.
Un coup d'oeil sur la carte montre que si le vent d'Est est moins favorable que les vents de sud, et s'il ne permet pas d'escompter des rentrées dans le Nord de la France et la Belgique avant le troisième jour, il a tout au moins l'avantage de garantir nos oiseaux contre le danger de la pleine mer. Avec un vent d'Est, nos pigeons inclineront sans doute un peu à l'Ouest, passeront entre les Iles Pityuses et l'lie Majorque pour atteindre les côtes d'Espagne vers Tortosa, sans grande fatigue.
De Tortosa, les pigeons de l'Ouest de la France peuvent continuer leur route en direction N.-O en profitant de la vallée de l'Ebre pour remontrer par Tolosa et Biarritz, tandis que les autres longeront la côte espagnole par Tarragone, Barcelone, San-Séliu et Port-Ventres.
Ce vent ne promet pas le succès brillant que nous voudrions tous, mais il est prometteur d'un beau succès si l'Espagne est hospitalière. Nous complèterons nos instructions pour le lâcher comme suit «sont considérés comme vents favorables : les vents Sud, Sud-Est, Sud-Ouest, Est.»
C'est qu'en effet nous avons tous nos apaisements sur le traitement que recevront les pigeons qui atterriront sur le sol espagnol. Notre ami Jean Kaiser a bien voulu nous informer que Monsieur Estopina de Valence, un grand ami de la France et des colombophiles français, a bien voulu constituer un «comité espagnol de rapatriement» en vue du concours d'Alger. Ce comité est ainsi constitué: président d'honneur : M. J.A. Estopina, de Valence ; vice-présidents d'honneur : MM. Salvador Castello et Antonio Oriol de Barcelone ; président du comité central : M. Antonio Rivas de Barcelone ; secrétaire-trésorier : M. Augusto Ferrer Dalmau de Barcelone; conseillers : MM. Joaquin Pamies, Domingo Fuste et Miguel Planas; délégué militaire : M. le capitaine D. Pedro Prieto Rincon, directeur des services colombophiles de l'armée.
Ce comité central qui comprend les sommités de la colombophilie espagnole a créé des sous-comités à Tolosa, à Valence, à Alicante, à Palma de Majorque, à Ivice et dans plusieurs grandes villes où se trouvent des sociétés colombophiles.
L'autorité militaire, sollicitée par le Comité central, a promis sa collaboration, car le général Vives, président de la fédération colombophile espagnole est un colombophile de la première heure et un grand colombophile.
Tous les colombiers militaires et tous les postes de gendarmerie recevront des instructions précises pour assurer ravitaillement et la mise en liberté des pigeons qui se feraient capturer, et nous avons convenu avec M. Estopina que l'état signalétique de ces pigeons, la date et l'heure de leur capture, la date et l'heure de leur mise en liberté, seront communiqués au secrétariat national.
Un autre bon ami des Français, M. Fernandez Calzada, nous a également promis toute son aide en la circonstance.
Les mesures que nous avons décidé de prendre faciliteront le retour de nos oiseaux, et grâce aux très nombreux dévouements qui se sont affirmés de toutes parts, nous espérons repérer la route suivie par nos oiseaux.
D autre part, désireux de tirer tout le profit de nos préparatifs et d és iter tout imprudence nous remettons une note-rappel au chef du convoi, M. Lebleu, la veille du départ. En voici le texte:
1. Après embarquement des pigeons à Marseille : adresser un télégramme annonçant le nombre de paniers embarqués, le jour et l'heure où le bateau lèvera l'ancre au secrétariat de la fédération nationale française à Lille, 10, rue de Pas ; au secrétariat de «La colombe joyeuse» à Bruxelles, 90, rue de Flandre ; au secrétariat de la 19, région à Alger, Fort des Anglais, Saint-Eugène-Alger; au secrétariat du journal « Le Matin » à Paris.
2. En arrivant à Alger, après le débarquement : adresser un télégramme annonçant l'arrivée, le temps qu'il a fait en route, le temps trouvé à l'arrivée (ce télégramme aux deux secrétariats, français et belge, et au «Matin» ; prier MM le docteur Bourlier et Gelebert d'accompagner notre délégué au bureau central du service météorologique, à l'université d'Alger, pour remercier le directeur de service de la collaboration qu'il veut bien nous assurer en nous renseignant sur le temps et la direction des vents jusqu'au moment du lâcher. Lui donner le n° de téléphone du camp de Bakari par lequel il pourra communiquer les renseignements. Préciser qu'il conviendra de donner : chaque soir à partir du 13 juillet, les prévisions pour le lendemain sur la Méditerranée jusque la côte française. Ceci afin de permettre aux organisateurs de mettre les pigeons en paniers dans la soirée et la nuit suivante en prévision du lâcher du lendemain ; chaque matin à partir du 14 juillet et à partir de 4 heures du matin jusque 6 heures 30, le temps qu'il fait et qu'il va faire dans la journée sur la Méditerranée. Bien montrer l'importance exceptionnelle de ce dernier renseignement, sur l'heure de la communication et sa précision, car tout lâcher est reconnu impossible après 6 heures 30, et tout mauvais temps ou vent contraire sur la Méditerranée provoquerait l'échec de cette épreuve. L'employé de la Poste sera rémunéré par nos soins.
3. Pendant le séjour à Bakari-Alger. Le 14 juillet au matin et les jours suivants jusqu'à ce que les pigeons soient lâchés, envoyer un télégramme : au secrétariat à Lille ; au secrétariat à Bruxelles ; au journal Le Matin ; à toutes les stations de radio-diffusion d'Etat soit Radio Alger, Ecole supérieure PTT, Tour Eiffel, Toulouse-Pyrénées, Limoges PTT, Bordeaux-Lafayette, Marseille PTT, Alpes-Grenoble, Rennes, Lyon-la-Doua, Lille, ainsi qu'à Radio-Belgique, annonçant l'heure du lâcher, les conditions atmosphériques au départ et celles qui sont prévues pour la traversée, la direction du vent, l'altitude des pigeons au départ, ou les causes qui empêchent le lâcher ce jour-là.
En logement et contremarquage des pigeons
Les dates et heures de mise en paniers ont été laissées à la diligence des fédérations régionales qui ont pris telles mesures qu'il convenait pour respecter les heures de concentration aux points fixés par le comité organisateur central : Lille, Paris et Marseille-Arenc.
La fédération nationale, subventionnée par le gouvernement de l'Algérie, a pris à sa charge tous les frais à partir du point de concentration : transport, nourriture, frais de retour des paniers vides à payer à la Compagnie maritime, ainsi que l'aller et retour des convoyeurs, moyennant une mise réduite qui a été fixée à 7 francs par pigeon prise en charge à Paris, et 2 francs pris en charge à Marseille.
Tous les pigeons engagés dans l'épreuve ont été munis d'une bague en caoutchouc d'un modèle unique pour tous les pigeons français. Tous ont été contremarqués à l'enlogement afin de faciliter le signalement des pigeons ravitaillés sur la voie du retour et le rapatriement des pigeons égarés.
Les estampilles suivantes ont été apposées sur les ailes des pigeons:
1.A boire — A manger — Lâchez-moi - Merci.
2.Aviser Fédération colombophile, 10, rue de Pas à Lille. 3.Une contremarque secrète (une lettre) a également été apposée sur l'aile.
La fédération nationale a pris à sa charge la fourniture à toutes les fédérations régionales des bagues en caoutchouc, des feuilles d'inscription, des imprimés pour relevé de jeux, des cachets et tampons nécessaires au contremarquage des pigeons.
Enfin, la clôture du concours a été fixée au 31 août à minuit, et il a été décidé que les prix non remportés à cette date seraient tirés au sort.
Les opérations d'enlogement ont été exécutées normalement et sans accroc, ainsi qu'il avait été prévu.
Acheminement des pigeons sur Marseille
Le 7 juillet au matin, la concentration de tous les pigeons belges a été faite en gare de Mouscron sous la surveillance des convoyeurs belges.
A 10 heures, le convoi s'est ébranlé. Il s'est arrêté à Tourcoing pour les formalités de la douane, et, de là, a été dirigé sur Lilles-Fives.
La concentration des pigeons de la Première région s'est faite dans la matinée du 7 sous la direction de M. Cannesson. 135 paniers ont été groupés et répartis convenablement dans cinq wagons qui ont été dirigés vers Fives-Lille, où le train spécial s'est formé. Ce train comprenait trois wagons de pigeons belges, et cinq wagons de pigeons français de la Première région, ainsi que les réserves de graines et de paillettes, et le matériel nécessaire : quatre tonneaux à eau, de nombreux arrosoirs et bacs à boire.
Le départ est donné à Fives-Lilles à 13 heures 38, Le convoi, roulant à la vitesse de 70 à 75 kilomètres à l'heure, pose deux minutes à Douai, deux minutes à Arras et roule directement sur Paris sans autre arrêt. Il arrive à 18 heures 30 à la gare du PLM. Et tandis que le convoi roule, les convoyeurs volontaires (MM. Deboucq, Choeur et Catteau) abreuvent les pigeons assoiffés. Dans ce but, les paniers sont placés tout à tour à la partie supérieure des piles dans les wagons.
A Paris, MM. Louis Langlois, président du GMP, et René Pichon ont regroupé les envois du GMP et des 2, 4e, 5° 6e 8e 9e 10e, 11e, 12e et 20e régions. MM. Lebleu et Cannesson les prennent en charge, et le 8 juillet à 2 heures 12 du matin, le convoi reprend sa marche vers Marseille-Arenc où il arrive dans la nuit du 8 au 9 juillet à minuit 48.
La concentration des paniers des 13e, 14e, 15e, 16e, 17e et 18e régions s'est faite le 8 juillet au soir sous la direction de M. Jean Kaiser qui, par ses démarches, a obtenu que les wagons soient acheminés jusqu'au quai d'embarquement."
donnés à Baraki, les préparatifs du lâcher, le lâcher, l'analyse des conditions de retour, les vainqueurs.
 d'après les coordonnées GPS actuelles, la distance entre Alger et Lille est de 1.541 kilomètres, de 1.575 entre Alger et Bruxelles.

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